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7 décembre 2016 3 07 /12 /décembre /2016 15:20

VICTOR HUGO, poète En lien avec la lecture des Misérables, nous allons étudier plusieurs poésies de Victor Hugo. Choisis celle que tu veux apprendre.

Sur une barricade...

 

Sur une barricade, au milieu des pavés

Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés,

Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.

– Es-tu de ceux-là, toi – L'enfant dit : Nous en sommes.

 – C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller.

Attends ton tour. – L'enfant voit des éclairs briller,

Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.

Il dit à l'officier : Permettez-vous que j'aille

Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?

 – Tu veux t'enfuir ? – Je vais revenir. – Ces voyous

Ont peur ! Où loges-tu ? – Là, près de la fontaine.

 Et je vais revenir, monsieur le Capitaine.

– Va-t'en, drôle ! – L'enfant s'en va. – Piège grossier !

Et les soldats riaient avec leur officier,

 Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle

Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle,

 Brusquement reparu, fier comme Viala,

Vint s'adosser au mur et leur dit : Me voilà.

 

La mort stupide eut honte et l’officier fit grâce.

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Melancholia

 

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ?

Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?

Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;

Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement

Dans la même prison le même mouvement.

Accroupis sous les dents d'une machine sombre,

Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi sans l'ombre,

Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,

Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.

 Jamais on ne s'arrêt’ et jamais on ne joue.

Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.

Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.

Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !

(…) Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,

Qui produit la richesse en créant la misère,

Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !

Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? que veut-il ? »

Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,

Une âme à la machine et la retire à l'homme !

(…)

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Unité

 

Par-dessus l'horizon aux collines brunies,

 Le soleil, cette fleur des splendeurs infinies,

 Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ;

Une humble marguerite, éclose au bord d'un champ,

Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle,

Blanche épanouissait sa candide auréole ;

 Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,

Regardait fixement, dans l'éternel azur,

Le grand astre épanchant sa lumière immortelle.

« Et, moi, j'ai des rayons aussi ! » lui disait-elle.

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Demain, dès l’aube

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

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J’aime l’araignée et j’aime l’ortie

 

J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,

Parce qu'on les hait ;

Et que rien n'exauce et que tout châtie

Leur morne souhait ;

 

Parce qu'elles sont maudites, chétives,

Noirs êtres rampants ;

Parce qu'elles sont les tristes captives

De leur guet-apens ;

 

Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ;

Ô sort ! fatals nœuds !

Parce que l'ortie est une couleuvre,

 L'araignée un gueux ;

 

Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,

Parce qu'on les fuit,

Parce qu'elles sont toutes deux victimes

De la sombre nuit...

 

Passants, faites grâce à la plante obscure,

Au pauvre animal.

Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,

Oh ! plaignez le mal !

 

Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;

 Tout veut un baiser.

Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie

De les écraser,

 

Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe,

Tout bas, loin du jour,

La vilaine bête et la mauvaise herbe

Murmurent : Amour !

 

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